Érable mécanique

5 Jun 2014

“Une faible délinquance au Canada et un sentiment général de sécurité n’excluent pas un comportement citoyen afin de prévenir tout type de vol d’objets de valeur…”

Cette citation extraite du site du ministère des affaires étrangères français sur le Canada est un bon résumé sur ce que l’on peut ressentir en étant sur place.

Depuis 10 mois en Ontario, je pense ne m’être jamais senti aussi calme et détendu dans la rue, les magasins, les parcs ou les transports en commun que depuis mon arrivée au Canada. Et ce, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit.

Quoi qu’on en dise, la France est un pays violent. Et bizarrement, c’est le fait d’être au Canada qui m’en a fait prendre conscience.

Mon expérience puise surtout ses racines à Ottawa, mais pas seulement. Quelques journées passées à Toronto et Montréal n’ont fait que renforcer mon sentiment. Les canadiens restent globalement avenants, gentils et souriants. Pas de stress, ni de pression. On se promène dans la rue en toute tranquillité, quand bien même on est parfois invectivé par quelques sans-abris, cela reste toujours sans méchanceté ni agressivité.

Loin de moi l’idée d’être trop caricatural dans mes propos, ni d’étendre un sentiment général qu’on trouve dans les grandes villes françaises par rapport au reste du territoire, mais il y a tout de même des tendances de fond. Braquages, vols, menaces, violences… que ce soit à Paris ou ailleurs, pas une semaine ne se passe sans qu’un fait divers sordide ne défraie la chronique. On peut toujours dire que les médias en font trois tonnes dans la course au sensationnalisme (bien que j’aie toujours trouvé trop facile et injustifié de jeter la pierre aux journalistes). On peut toujours affirmer que la France est deux fois plus peuplée que le Canada, et qu’il semble donc logique qu’il s’y passe deux fois plus de faits divers. On peut toujours arguer que la concentration urbaine, les phénomènes sociaux et économiques couplés à une perte des repères, un certain repli communautaire et une perte de confiance dans la classe dirigeante sont un terreau fertile qui facilite la montée des extrêmes.

Il n’empêche.

La courtoisie, le respect et la politesse ne sont pas des valeurs qui fluctuent en fonction de l’âge du capitaine et de la force des vents.

Alors, d’où vient ce sentiment ?

A vrai dire, je ne suis pas sociologue, et je ne peux qu’avancer des présomptions. J’entends souvent dire que la violence fait partie de la culture de la France. Il faut admettre que l’histoire de l’hexagone s’est construite sur une bonne dose d’injustice, de guerres et d’hémoglobine. Dans les 220 dernières années, on peut dénombrer pas moins de trois révolutions (1789, 1830 et 1848) et autant de guerres (1870, 1914-18, 1939-45), sans compter les grandes révoltes populaires souvent préludes à des manifestations de grande ampleur (impossible d’être exhaustif mais on peut citer le mouvement de 1936, celui de mai 1968, de 1995 contre le plan Juppé  ou encore les émeutes urbaines de 2005). Quoi qu’on en dise, ça fait partie de notre ADN.

Le caractère latin des français serait donc plus bouillonnant que celui des anglo-saxons ? Est-on toujours prompt à se révolter à la moindre occasion ?

Autre présomption : la place de l’Etat. Omnipotent en France, avec ses avantages et ses défauts, il est bien moins présent au Canada. Or, cette relative absence a poussé les nord-américains à organiser leur société différemment. Puisqu’on ne peut pas compter sur un État tout puissant, on va compter sur nous. Et le nous, ce sont les nombreuses associations et communautés présentes dans chaque province, territoire ou état (si on digresse un instant sur les États-Unis), sans oublier les villes et quartiers. C’est ce qui façonne la vie quotidienne. L’investissement personnel et souvent bénévole au profit de la société est une valeur non seulement reconnue et normale, mais également encouragée.

Cela ne veut pas dire que le Canada est le pays des Bisounours où tout le monde est beau et gentil. Oui, il y a des crimes et des vols au Canada. Oui, on peut se faire cambrioler ou bousculer. Oui, il existe des quartiers populaires et des ghettos urbains où la drogue et la prostitution sont légions. Mais en vivant “normalement”, en se promenant le week-end, en faisant ses courses, en sortant du restaurant ou du cinéma, on reste clairement sur un niveau de violence et d’inconfort ressentie infinitésimalement moindre.

En dix mois sur place, je n’ai jamais ressenti le même niveau de violence et d’animosité qu’en dix minutes à la Gare du Nord par exemple (non, je ne veux pas stigmatiser les parisiens, désolé !).

Si vous avez d’autres idées ou remarques, n’hésitez pas à laisser un commentaire 😉

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