Ottawa, entre engouement et déception
Cela fait maintenant un peu plus de six mois que nous sommes arrivés à Ottawa, et je trouvais intéressant de revenir sur la vision que nous avons pu en avoir et comment celle-ci a évolué au fil du temps, des saisons, et des températures. La vision qu’on peut avoir d’une ville évolue peu à peu en fonction des expériences vécues, et ces lieux anonymes font lentement parties de notre quotidien.
A l’issue de la première semaine
Bon, pour être franc, Ottawa et moi, ça n’a pas été le coup de cœur absolu les premiers jours. Certes, je suis rapidement tombé sous le charme de la colline parlementaire et ses majestueux édifices, mais sinon, le charme a mis du temps à opérer. Mais n’allons pas trop vite. On débarque donc dans la capitale d’un des pays les plus puissants au monde, jouissant d’une image incroyablement positive depuis la France, et le choc culturel est d’autant plus fort quand on découvre la ville. Pas de gratte-ciels, pas de bâtiments immenses, pas de vie trépidante (certes , arriver en août ça n’aide pas, il faut le reconnaître), pas de métro (ah… ces transports en commun, ça fera bien l’objet d’un prochain billet), bref… on est dans une capitale, mais on se croirait dans une petite ville de province. Alors, c’est évidemment ce qui fait son charme, mais ça prendra un peu plus de temps (soyez patients !). La ville est extrêmement étendue, il fait chaud, voire moite, et les premières images qui nous envahissent sont les immeubles d’une tristesse absolue qui entourent la rue Rideau. Pas de folie architecturale. Juste des blocs de béton me faisant penser à la Roumanie post-soviétique. Les sans-abris sont nombreux, et même la première vision du canal rideau me laisse un goût amer pour un monument classé au patrimoine mondial de l’Unesco (bon, ben c’est un canal, quoi !). Pourtant, ici et là des premiers endroits me rassurent un peu. Le parlement évidemment, mais aussi le marché By et la rue Sparks qui apportent un contraste bienfaisant à nos périples urbains à la recherche d’un appartement.
A l’issue du premier mois
On prend nos marques et Ottawa devient plus accueillante. Le beau soleil de l’automne est là, les couleurs rayonnent et la ville se laisse découvrir peu à peu. C’est alors qu’on réalise qu’Ottawa n’est pas si facile d’accès que cela. Il faut savoir chercher, fouiller, fouiner pour découvrir des ambiances, des quartiers authentiques, des vues à couper le souffle. Rien n’est accessible trop facilement. Il ne faut pas avoir peur de se tromper et oser s’aventurer un peu hors des sentiers battus. On apprivoise la capitale, qui se fait plus modeste, plus accessible et plus sympathique. Faire un footing le long de la rivière des Outaouais, passer du temps au pied des écluses du canal rideau, se perdre dans les méandres du quartier huppé de New Edinburgh, descendre la rue Bank en explorant ses petites boutiques indépendantes, faire du shopping (pardon… magasiner) dans le centre Saint Laurent ou le centre Rideau… Bref, des petites tranches de vie plus sympathiques qui rendent cette capitale si atypique.
A l’issue du premier trimestre
La France est loin à présent. On réalise qu’Ottawa est notre nouvelle vie et ce qui nous étonnait, nous révulsait ou nous agaçait n’est souvent qu’un lointain souvenir. Bref, en un mot, on s’adapte. Et c’est encore plus facile quand l’hiver et son grand manteau blanc recouvrent la région. La ville est métamorphosée par la neige. Un quartier populaire avec ses petites maisons sans âme se transforme soudainement en petit village bavarois. Les branches des arbres endormis pour l’hiver trouvent une deuxième jeunesse en se parant de blanc. Les pistes cyclables deviennent des sentiers de ski de fond, les patinoires fleurissent dans tous les quartiers et le ciel prend une couleur duveteuse propice aux joies et aux sports de l’hiver.
A l’issue du premier semestre
« Ville de fonctionnaires », « ville qui se couche tôt », « capitale endormie »… ce sont quelques-uns des surnoms que nous avons entendus depuis notre arrivée sur place. Comme tous les clichés, il y a surement une part de vérité. Mais celle-ci n’est finalement pas si dérangeante. Avec ses grands parcs, son espace public résidentiel et aéré, ses grands musées, Ottawa, par son statut de capitale défendant le bilinguisme offre de nombreuses occasions de détente et de loisirs à ses habitants. Loin du gigantisme new-yorkais, de l’historique Québec ou du l’immensité torontoise, Ottawa est un bon mix de culture et de dynamisme pour bien commencer une première expérience Canadienne.
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